Terrorist no.20

Terrorist no.20

Publication Date: 2006

Publisher: Dar al mada

Country of Publication: Lebanon, Syria,

Pages: 254

Al-irhabi 20

Why would a man become a terrorist? How does he face his neighbors, his father, his brothers and sisters? Why is he ready to leave his life behind, for what greater cause? Such are the questions that the intimate recount by Abduallah Thabit answers, straightforwardly, almost candidly.

In the 1970’s, Zahi Al-Jibali is the last born of a family of 9 siblings, son of a traditional modest family, destined to be a shepherd in the south of Saudi Arabia. Convinced by one of his older brothers, he joins a Koranic school, and suffers from the constant frustration of having no time to play ball or to hang out with friends. As an adolescent Zahi changes schools, but is eventually caught up by a religious group that insidiously draws him into its ranks.

In bad terms with his too strict of a father since his young age, Zahi easily pulls away from his family, and finds a new home amongst his friends. Giving him affection, appreciation, and to some extent power, the religious group asks him in exchange to make a clear distinction between good and bad Muslims. Harassing youths seen in unacceptable and immoral situations, or even punishing young men who listen to music in their cars is part of Zahi’s new pass-time. It is not the promise of a godly reward that pulls these religious activists together, nor is it the dream of a lush paradise that pushes them to war. It is fear. The fear of being unrighteous, and of being rejected and punished by God for it.

Nevertheless, Zahi suddenly leaves the group and experiences the true meaning of loneliness, with a family that supports him but does not understand him. Infatuated with poetry, beauty, and knowledge, his path leads him away from his religious friends, and exposes him to their wrath. It is with great surprise, after the 9.11 attack on the Twin Towers, that he recognizes the faces of the people who perpetrated this crime. He could’ve been one of these men.

Terrorist no. 20 is more than a novel. It is also a literary essay and a captivating memoir, somewhere between sociology, anthropology and poetry, told from the deeply intimate and painful point of view of a man from the inside.
The transformation of Zahi’s character is palatable and amazing. It occurs both in the story, and in the literature. The further we go, the higher we rise above descriptive narration, with ideas and thoughts becoming more and more abstract. Poetry, is really what the salvation of this character is about.

Translated by Françoise Neyrod

Pourquoi tous ceux qui veulent écrire sur eux-mêmes décrivent-ils le lieu où ils ont vécu : ces rues si souvent empruntées, l’eau et l’air qui se mêlaient à leur sang au point de ne faire qu’un avec eux ? C’est que l’humain leur ressemble jusqu’au plus petit détail, il est ce qu’ils ont fait de lui. Ce qui est conté s’est passé en deux endroits, mon village et ma ville, pourtant il ne s’agit pas de deux lieux différents, mais d’un seul, perché en haut des sommets, tout verdoyant, tout frais, royaume des nuages, des brouillards et du froid ; si la pluie cesse, ce n’est que quelques jours, puis tout reprend sa physionomie habituelle. Abha est toujours un village malgré les réverbères, les immeubles, les rues goudronnées, les boutiques et les marchés. C’est un village qui veut se donner des airs de ville, il me fait penser à ces jeunes filles de la campagne qui s’habillent comme les citadines, mais qui restent des paysannes. Ainsi, je suis “de la montagne” doublement. Je dois vous parler également des gens d’ici, de leurs coutumes, de ce qu’ils savent, vous dire comment ils s’expriment, la façon dont ils vivent. C’est une entreprise périlleuse comme de se jeter avec audace dans le vide, ce qui peut devenir un exercice de haute voltige salué par les badauds émerveillés ou finir par une chute lamentable sur un rocher. Dans notre province d’Assir, les gens sont bons et doux, ils ne sont capables d’aucune méchanceté, ou bien il faudrait les avoir poussés dans une colère folle. D’une nature ardente et passionnée, ils vivent inquiets, toujours. Ils ont une telle fierté, un tel orgueil que cela prête à rire parfois, car ils peuvent, des années durant, tenter d’obtenir ce qu’ils convoitent, puis finir par s’interdire de poser le regard dessus ; ce serait perdre de leur prestige et de leur honneur ! Tout en haut de ces montagnes, ils sont cernés par les vents, les spectres, les questions sans réponses et ils sont ce vent, ces questions lancinantes, cette incertitude. Brûlants comme le soleil de leurs montagnes, aussi limpides que l’azur, ils sont durs comme les glaces et sombres comme les nuages. Parfois, avec la pluie, le tonnerre, les tempêtes, leurs passions se font trop vives et ils rient : “Nous attestons que la pluie est notre Dieu.” Un mot un peu trop arrogant, et c’est une raison de commettre un crime, ils vivent pour se sentir fiers, simplement. S’ils pensent que leur honneur est atteint, ils en éprouvent une honte telle qu’ils n’hésitent pas à perdre leur vie et les occasions sont innombrables : être touché au visage, par exemple, est un drame qui ne peut se dénouer que dans le sang. Ainsi, lorsque deux d’entre eux en viennent aux mains, chacun tente de toucher le visage de l’autre, de l’égratigner et d’y laisser une trace qui devienne à jamais la preuve de sa victoire et de la défaite de l’autre. En ce cas, il faut que l’un d’eux meure, celui qui est touché ou celui qui l’a défait, il n’y a d’autre issue. Et les histoires sont sans fin à propos de ces drames : ce qu’il est advenu à l’un, comment l’autre a perdu son prestige, et d’un autre encore il se dit dans tous les villages qu’il s’est donné la mort, victime de son ventre : il lançait des pets sonores et tout le monde les entendait. Il ne lui restait donc qu’à se transpercer de son épée.

Minuskel, Norway, Norwegian, 2011

Terrorist no.20