Columns of foam
| Qamat al-zabad
FARKOUH Elias
al- Majles al-aala lil thaqafa , Egypt , Cairo , 2004 , 302 pages
Summary
Lebanon, 1976. Civil war is raging. The spirits of the young fighters are still fired by ideology. Three militiamen in Tyr, a coastal city of southern Lebanon, await a boat that will carry them to Alexandria where they can rest and recuperate for a while. The three characters have nothing in common but have been brought together by war.
Their endless waiting is the occasion for them to ruminate on recent episodes in their lives, their personal convictions, their fears and their relationships with their loved ones. The narration moves back and forth between characters and the author offers a vivid picture of Beirut and its society at a crucial time in its history, the early years of the civil war (1973-76). Through the characters’ psychological complexity, we see the manifold faces of war. Madness, murder, ideology and prejudice are explored in fascinating detail.
[Detailed presentation available upon request]
Translation sample
Au début…
Trois hommes.
La ville se dissimilait à leurs regards par la distance laissée derrière leurs dos, par le temps, par cet effacement qui témoignait de leur éloignement.
Désormais, ils étaient à l’abri des tirs, ils étaient à portée de la sécurité, ils étaient dans un monde non encore pavé de cadavres.
L’espace était ouvert et le ciel clair, à l’exception de quelques touffes de nuages d’été. Leurs yeux gardaient quelques traces de sommeil et de rougeur dues aux veillées anxieuses.
Les cigarettes étaient allumées, l’envie grandissait pour une tasse de café. Le café le plus proche de Saïda.
Les lames se brisaient, grondaient. Elles étaient refoulées par les rochers. Le littoral rocheux écumait d’eau et de sel. Les paroles échangées n’évoquaient aucun port ni aucun quai.
Le premier pensait : lorsque je serai en Alexandrie, je m’envolerai pour la capitale. La première fois après cinq ans. Je suis fatigué. Oui. Disons que je suis fatigué et qu’il est temps de me reposer. Un trop-plein et un manque de trop de choses.
Quoi ? … Il ne me reste presque rien. Quelques années, insuffisantes pour achever quelque chose qui ait de la valeur. Il n’y a plus aucune valeur. Moi-même je n’ai plus de valeur. Je me trouve insipide, vidé de toute surprise. Mais, ce sont les vacances. Demain m’apportera peut-être une sagesse qui pourrait m’aider. Peut-être.
… Affalé sur le siège de la voiture, il s’étira.
Le deuxième se demandait : comment va se terminer cette mission ? J’ai bien peur que la prophétie de la voyante ne se réalise inéluctablement. Et Souraya ?… Vais-je la rencontrer, ou alors, restera-t-elle une image qui obsédera ma mémoire et me brûlera ? Est-il possible que le surmenage m’ait usé le cœur à ce point !
Et puis, il y a le roman. Mon roman qui attend d’être achevé. Je ne suis pas sûr de pouvoir continuer. Les premiers cahiers sont des esquisses qui n’ont rien donné de précis jusqu’à maintenant.
… Son amertume se dissipa avec la fumée de sa cigarette.
Tandis que le troisième : Nous avons un rendez-vous. La promesse. Mais vous ignorez que je n’ai plus besoin de vos explications. Je sais pourquoi mon oncle Mansour a disparu… Ou plutôt Abou al-Hakam, comme on l’appelle ici. Il a disparu en laissant dans l’appartement ce qu’il n’avait pas dit. Son témoignage non écrit.
L’Alexandrie est une salle d’examen, non une ville fermée par des sacs de sable. Beyrouth a fermé ses portes et l’Alexandrie a accepté de prendre la relève. Peu m’importe de réussir ou d’échouer aux examens. Seul mon oncle Mansour compte. C’est le frère de mon père. Mon père, recroquevillé dans la glace de sa peur. Mon père le renégat. Il a tourné le dos au gouffre. Le visage livide, ébahi par un bouclier cuivré et par une épée d’acier !
… Un camion dépassa leur voiture avec lenteur, dissimulant la mer à leurs regards pendant quelques instants.
Le chauffeur dit au premier : « Avez-vous jamais vu un littoral aussi beau et aussi étendu, camarade Khaled ? »
Sa voix transperça la bulle de Khaled, fermée sur ses pensées. Il s’ouvrit et les éléments de l’existence reprirent leur place. La voiture rugissait aux tournants, la mer tournait et s’inclinait en même temps. Ses deux compagnons bavardaient sur la banquette arrière, leurs voix ne lui parvenaient pas de façon distincte. L’univers lui semblait toujours embrouillé et décomposé. Il répondit :
« Oui. » Il ne savait pas si sa réponse était correcte. S’il avait répondu à la question du chauffeur ou non. Il continua en prononçant des paroles idiotes : « J’étais distrait. Est-ce que nous sommes arrivés à Zahrani ? »
« Depuis dix minutes. », répliqua Zaher Nabulsi assis à l’arrière.
Il tira une cigarette de son paquet et réussit à l’allumer après avoir fermé la fenêtre. Le monde avait repris sa perfection. Le ciel bleu s’étendait et grandissait, lui faisant mieux sentir la réalité de son existence. Il était sur la route entre Beyrouth et Saïda. Il observait le rivage rocheux qui courait en arrière comme s’il ne l’avait pas toujours vu ainsi. Comme s’il le voyait pour la première fois. Proche, son odeur lui parvenait. Lointain, il finissait avec le gouffre du monde. Là-bas, en contrebas, là où le ciel se liquéfiait en entrant dans la mer.
« Vous conduisez comme un fou ! », dit-il au chauffeur.
« T’inquiète ! Puisque nous avons quitté Beyrouth, il vaut mieux que les adieux soient courts ! », lui répondit Nazir Halabi.
La mer et son rivage rocheux disparurent, cédant la place à l’univers de Beyrouth, au moment où la ville rencontrait les premiers éclats du matin. Elle commençait depuis « Saint Gratuit », la plage des pauvres et des vagabonds, s’arrêtait dans l’avenue qui descendait de la Caserne des pompiers à la Place dangereuse, qui se trouvait à découvert pour les tireurs camouflés sur le site Cola, avec leurs casques de plomb et leurs fusils cachés, dont les canons effilés comme des baïonnettes servaient à tuer, non seulement à faire du bruit.
C’était en mai 73.
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Les colonnes d’écume | al-Majlis al-A‘la lil-thaqafa | Cairo, Egypt | 2004 | translated by: Rania Samara
Press excerpts
The Star, Fahd Salameh | March 1992
“In his quest for the new, Farkouh employs mythology, religion, classical and modern Arabic literature as sources of inspiration. He captures the tension of human suffering when constructing his stories. The individual as an organism, a microcosm, presents through his desires, hopes, aspirations, love, inhibitions, despair, disappointment and death a tragedy, a portrait of clashing opposing forces that constantly struggle to win, only to lose in an endless cycle of oppression, deprivation, and misery.”
Al-Qods al-arabi, Fakhri Saleh | April 1989
“The Jordanian writer Elias Farkouh has begun to weigh on the Arab literary scene. Through his short stories and his first novel, the writer confirms a new line of writing, in some points close to the new writing style of contemporary Arabic literature.
In his short stories collections and in his first novel, Elias Farkouh describes a shredded reality, marginal experiences and characters lost in a world both treasured and suffocating.”
Other represented titles by this author
The land of purgatory | Ard al-yambous – view details
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