The secret language
| Loughat al-sir
BARAKAT Najwa
Dar al-adab , Lebanon , Beirut , 2004 , 237 pages
Najwa Barakat’s latest novel brings us back to a theme that has always haunted Arab writers: is language a system of divine signs, or is it a matter of convention, created by human beings? The author seeks to analyze the power of words and to understand speech and its potential. The book takes us into the heart of the mystical universe of a religious Brotherhood’s rules and rituals, a Brotherhood that has undertaken the task of writing a dictionary of Arabic characters, their mathematical value, their symbolic connotations and their significance as a means of mediation between men and their Creator. The hermitage where the members of this religious Brotherhood live is located near the village of al-Yousr, a quiet town turned upside down by the robbery of a precious document belonging to the Brotherhood’s. Chaos ensues. Robberies, quarrels and murders proliferate, and an investigator, an outsider to both the village and to Sufism, is dispatched to the scene of the crime.
This book, rare among Arabic novels in its thoroughly modern use of allegory, combines religious mysticism and detective-story intrigue, while the psychological dimension also plays an important role. Najwa Barakat invites a multi-layered reading of her work, reproducing with great credibility the atmosphere of past times, switching smoothly from the Sufi language to that of the detective story and modern, everyday language. Inspired by literary classics, she introduces numerous references to mystical and Sufi literature, which blend absolutely naturally into this modern novel and constitute the backbone of a captivating literary detective story of a kind rarely seen in Arabic literature.
[Detailed presentation available upon request]
Translation sample
Khaldoun s’arrêta et se gratta la peau sous sa robe de bure. Maudit Grand Cheikh ! N’aurais-tu pas mieux fait de me choisir comme gardien et m’éviter tous ces ennuis maintenant ? Dix années de travail consistant à rester debout à la porte du sanctuaire avec, pour toute mission, de garder la châsse sacrée de la « Tablette du Destin ». Au bout de ces dix années, j’aurais été mis à la retraite tout en continuant à percevoir un salaire jusqu’à la fin de mes jours. Voilà ce que ta fourberie m’a fait perdre, lorsque tu m’as préféré ce singe de Saad ! Si tu avais choisi Houssam, j’aurais au moins compris tes raisons, malgré toutes les qualités dont je jouis. Mais le choisir, lui, en particulier ?!
À mon retour, à l’issue de l’examen qui avait duré plusieurs jours, ma mère était accourue vers moi en lançant des youyous de joie. Elle me submergea de questions : Alors, quand commenceras-tu ? Où est ton uniforme de gardien, le turban, l’épée ? Leur as-tu fait comprendre que ton oncle était Gardien avant toi ? Es-tu au courant de la mort de ce pauvre Zeidoun ?
Je l’avais repoussée pour courir jusqu’à l’échoppe. Tu n’y étais pas. Tu ne m’attendais pas. Tu ne me souriais pas derrière tes lunettes salies. J’étais tombé à genoux en sanglotant comme un gosse. Je ne sais pas si je pleurais ta perte, mon échec à l’examen de gardien ou mon soulagement à ne pas avoir à t’affronter après tous les efforts et le temps que tu m’avais consacré. Tu connaissais l’épreuve que je devais traverser dans ses moindres détails et, lorsque je m’en étais étonné et que je t’avais demandé si tu avais toi-même passé cet examen, tu t’étais mis à rire en disant : Ajoute ce mystère à la liste que tu as déjà collectionnée sur mon compte !
Houssam venait de sortir et il me regardait fixement, j’étais suspendu à ses lèvres. Alors ? lui demandai-je. Il garda le silence. Je répétai ma question. Il dit : C’est à toi, il t’attend dans le hall. Il s’éloigna avant que je n’aie le temps de lui demander comment trouver le hall et qui m’y conduirait. J’attendis quelques instants dans l’espoir que l’un des Frères vienne m’y conduire, comme ils l’avaient fait pour les deux autres. Personne ne vint. J’eus peur que le Grand Cheikh ne croie que je m’étais désisté ou que je traînais volontairement pour parler à Houssam et connaître par son biais le genre de questions et d’énigmes qu’il lui avait posées. Mon cœur battait à tout rompre en voyant les minutes passer, alors que j’étais prisonnier d’une situation stupide qui risquait de me faire perdre la chance de ma vie.
Je décidai en fin de compte à passer la porte, pour me retrouver dans un long couloir sombre, bordé de portes fermées. J’hésitais, je ne savais laquelle ouvrir. Je toussotai une fois, puis encore deux fois dans l’espoir que quelqu’un m’entendrait. Le silence était total, aussi total que la surdité de ces portes.
Le couloir me conduisit à un vaste hall. Je me dis qu’il s’agissait sûrement de celui-ci. Je décidai d’entrer, convaincu que le Grand Cheikh m’attendait, assis en tailleur sur la natte qui couvrait le sol. Je préparais dans ma tête la première phrase qui suivrait le préambule des salutations, soucieux d’effacer la mauvaise impression qu’il aurait peut-être eu de moi. Or, je m’étais retrouvé au milieu du hall, la bouche ouverte comme un âne. Seigneur ! Qu’était ce cauchemar ? Quand allais-je m’en réveiller ? Ça ne fait rien, Khaldoun, garde ton sang-froid. Te voilà au sein la Confrérie, le Cheikh supérieur t’attend à quelques mètres de là. Que dis-je ? Plutôt à quelques pas !
Je quittai le hall et m’aventurai au hasard. Je vis une porte entrebâillée et je me dis que c’était sûrement la bonne. Je l’ouvris. Elle donnait sur un escalier qui me conduisit vers une sorte d’antichambre étroite et sombre où je réussis à discerner avec beaucoup de mal les objets qui la remplissaient, car la poussière et les toiles d’araignée les recouvraient entièrement. Convaincu d’avoir pris la mauvaise direction, je voulais rebrousser chemin, mais dès que j’eus posé le pied sur la première marche, j’entendis des voix à l’autre bout du hall. Je m’y dirigeai, en prenant mille précautions pour ne pas heurter les tas d’objets ici ou là. Je tendis les bras pour tâter le mur devant moi, et ne voilà-t-il pas qu’une planche de bois tourna sur elle même, me propulsant dans un lieu où la scène que je vis figea le sang dans mes veines, figeant du coup les regards abasourdis qui s’étaient tournés vers moi !
Leur stupéfaction était au moins égale à la mienne. Nous étions restés quelques instants à nous observer avant que mes yeux n’aient commencé à explorer la nature de l’endroit et ses détails pour saisir la raison de cette réunion. Il s’agissait d’un tunnel secret, il n’y avait aucun doute là-dessus. Ils se consultèrent du regard avant de prendre une décision tacite et presque unanime, celle de fondre sur moi, les bras levés, comme pour cacher ce qu’il fallait cacher et m’empêcher de voir ce qui était pourtant flagrant.
Ils me poussèrent dehors, ils me saisirent de tous côtés, croyant que j’allais m’enfuir. Ils me conduisirent vers le Grand Cheikh, assis en tailleur dans le hall que j’avais traversé auparavant sans le trouver. Ils lancèrent hâtivement des paroles rapides dont je ne pus saisir que l’expression « l’atelier de la parole ». C’est alors que je m’étais rappelé quelques détails, je revis les piles de papiers qui occupaient des étagères entières, je reconnus immédiatement leur couleur jaunâtre et leur odeur qui me sautait au nez dès que j’ouvrais la porte de l’échoppe chaque matin. C’était cela donc le secret de la disparition du papier et sa réapparition ! Mais alors, Zeidoun, pourquoi tant de dissimulation au sujet de ton commerce de papier avec la Confrérie al-Wafa’ ? Était-ce la nature de leur besogne qui t’avait imposé la discrétion ? Ou étaient-ce les talismans et les énigmes appartenant à l’univers du secret qui t’avaient interdit de parler, qui leur avaient fait peur en me voyant et qui m’avaient fait trembler comme un enfant à cet instant-là ?
Le Grand Cheikh leva la main pour couper court au flot de paroles et dit : Laissez-moi seul avec lui et retournez à vos occupations. Un sourire fugace s’esquissa sur ses lèvres, destiné peut-être à me rassurer ou à rassurer les Frères. Dès le départ, il ne m’avait inspiré aucune confiance. Il était grand et majestueux. Ses doigts étaient longs et fins, ses mains, douces et blanches, me faisaient penser à celles des femmes qui venaient des villes lointaines pour accomplir des ex-voto, pour demander des bénédictions ou pour prier à la porte du sanctuaire. Je regardai longuement sa tête, rasée de près, qui sortait de l’encolure de sa bure de laine rêche, inadaptée à la douceur des parties visibles et nues de ses membres, tout en pensant au moment de partir, car j’avais hâte de courir t’informer de ce qui m’était arrivé.
Je t’imaginais en train de m’écouter puis de me dire : Prends ton temps, ne parle pas si vite ! J’imaginai aussi ta première remarque : Tu veux me faire croire que tu avais pris l’escalier en pensant que le hall était en bas ? Et j’imaginais déjà ma réponse : Bien sûr que non ! J’étais pleinement conscient du risque et des dangers, mais que veux-tu ? Que le caractère de Khaldoun change en un instant ? Qu’il laisse tomber sa curiosité naturelle et l’attrait qu’exercent sur lui les énigmes et les secrets ?!
Le Grand Cheikh interrompit mon dialogue fictif avec toi en me demandant :
-Qu’est-ce qui t’a amené à l’atelier de la parole, mon enfant ?
-Je me suis perdu, répondis-je.
-C’est étrange que tu te sois perdu ainsi et que tu sois descendu sous terre ! Que cherchais-tu ? demanda le Grand Cheikh.
-Je vous cherchais ! répondis-je. Houssam m’a dit d’aller dans le hall, mais il ne m’a pas dit comment y parvenir.
-Mais, tu as bien vu que le hall se trouvait juste au bout du couloir ! dit-il.
-J’y suis allé et je vous y ai attendu, grand Cheikh. Vous n’y étiez pas, répliquai-je.
-C’est vrai, admit-il. J’étais sorti quelques instants me rafraîchir le gosier.
-J’ai craint de vous faire attendre, répondis-je. Je suis parti donc à votre recherche, en croyant que le hall où j’étais n’était pas celui où vous m’attendiez.
-Est-ce que tu as eu peur de ce que tu as vu ? me demanda-t-il.
Je ne compris pas tout de suite à quoi il faisait allusion et je ne sus pas répondre. Puis me rappelant l’examen de gardien que je passais, je répondis vivement : Pourquoi aurais-je eu peur ?
-Tu as raison, répliqua-t-il. Il resta pensif quelques instants avant d’ajouter : Ce sont les Frères qui ont eu peur de ton apparition soudaine dans un lieu interdit aux étrangers.
En finissant ces paroles, il se pencha sur un papier posé par terre à côté de lui et ajouta : Tu t’appelles Khaldoun. Tu es le fils unique de ta mère, veuve, dont tu es le seul soutien. Cela ne te serait-il pas difficile de quitter ta mère ? Devenir gardien signifie que tu consacres dix années de ton temps et de ta vie pour veiller sur le sanctuaire.
-Ma mère pourrait venir me voir de temps en temps. Elle habite à proximité, au village al-Yousr, répondis-je.
-Qu’en est-il des femmes ? demanda-t-il.
Le rouge me monta aux joues, je cachai ma timidité en lui répondant avec quelque irritation : Elles ne m’intéressent pas !
-Tant que cela ! dit-il en souriant, avant de reprendre : Ce n’est pas grave, tu seras mis à la retraite avant tes trente ans. Tu pourras alors te marier et avoir autant d’enfants que tu voudras. Ton salaire te permettra de vivre confortablement avec ta famille.
Khaldoun bougea, croyant que le Grand Cheikh avait fini de l’interroger, pourtant, ce dernier lui demanda encore : Comment est-ce que vous vivez, ta mère et toi ?
-J’étais commis à la boutique de Zeidoun, dit-il.
Le Grand Cheikh demanda : Zeidoun ? Qui est-ce ?
Khaldoun répliqua sur un ton de défi : Celui qui vous fournit le papier !
-Je vois, dit le Grand Cheikh. C’est le papetier avec qui la Confrérie traite. Je ne connaissais pas son nom, car les Frères l’appellent Le Papetier. Je ne l’ai jamais rencontré moi-même.
Moi non plus je n’ai jamais rencontré l’un des Frères, bien que je passe la plupart de mes journées à la boutique ! lança Khaldoun. Le Grand Cheikh le regarda par en dessous comme pour dire : Hein ? C’est maintenant toi qui poses les questions ? Il répondit par contre : Ce sont Jaber et Hayyân qui se rendent chez lui une ou deux fois par mois pour s’approvisionner. Il n’est pas étonnant que tu ne les connaisses pas, ils y vont de nuit pour éviter de rencontrer les gens… Est-ce le papetier qui t’aurait poussé à passer l’examen de gardien ?
-Non, répliqua Khaldoun. C’est ma mère. Elle avait un frère dont je porte le nom. Il était Gardien à la porte du sanctuaire pendant cinq années avant d’être terrassé par une crise cardiaque.
-Je comprends maintenant, dit le Grand Cheikh. Il laissa passer quelques instants de silence avant de demander : Et que faisait le commis à la boutique du papetier ?
-À vrai dire, ce n’était qu’un prétexte inventé par Zeidoun pour m’apprendre à déchiffrer les lettres. Il dit qu’il voit dans mon regard l’étincelle du savoir, ajouta Khaldoun en souriant avec timidité.
-Tu sais lire ! répliqua le Grand Cheikh, les sourcils froncés et le front ridé soudain, ses pupilles tournaient dans tous les sens, comme à la recherche de quelque chose. Il prit le papier par terre près de lui, le plia avant de se lever, pressé soudain de partir.
Et le résultat ? demanda Khaldoun. Le Grand Cheikh ne se retourna point et ne prêta aucune attention à cette dernière question.
[Longer translation excerpt available upon request]
La langue secrète | translated by: Gilles Ladkani
اعلموا أيّدنا الله وإياكم، أني ٿيما كنتٿ سائرا وقعتٿ ٿي طريقي على حرٿ النون (ن) ملقى على الأرض مقلوبا ونقطته تبعط ٿي داخله حتى الاختناق، ٿانحنيتٿ أٿصلٿح من حاله بعد أن استعذتٿ وبسملتٿ وصلّبت…
-صلّبتَ يا سَرّاج ؟
أجل. رسمتٿ إشارة الصليب بيد مرتجٿة، ثم انتقلتٿ بطرٿة عين ٿرأيتٿ نٿسي واقٿا
ٿي مواجهة حائط المبكى أتلو صلاتي وأنا أتهادى بوتيرة متسارعة. وما أن تعدتٿ كي أتابع تقدّمي، حتى تعثّرتٿ بحرٿ العين (ع). كان ٿاتحا ٿاه على أقصاه يوشك أن يٿطبق ٿكّيه كالثعبان على رجلي. أمسكتٿ بجذعه الملتوي، ثم شددتٿ بكامل قواي ورميته عنّي وطٿقتٿ أعدو كالمسعور وأنا أستجير ربَّ الملكوت، سيّدَ الجبروت والهلكوت، أن يهديَني إلى الخلاص ممّا أنا ٿيه، ٿيرسم لي منٿذا يخرجني من هذه المتاهة حيث قادتني قدماي الآثمتان.
هدأت الأمورٿ من حولي مساٿةً ٿخلتٿ الربَّ وقد استجاب لدعائي ورأٿ لشكواي. اقتعدتٿ الأرضَ بالقرب من غدير ألتقط أنٿاسي المجٿلة وأعالج ما هطل منّي غزيرا. وما أن استراح ٿؤادي يسيرا، حتى طالعتني الياءٿ (ي) سابحة على وجه الماء، تحمل على متنها ما تيسّر لها حمله من إخوتها وأخواتها. رأيتٿها تتقدّم مجدّٿة قبل أن يقوى السيلٿ ٿيدٿعها إلى الصخور ٿيتكسّر جسدٿها بمن ٿيه ويغمرها الزبدٿ المتعاظم ٿتطٿو أشلاؤها وأشلاءٿ من معها من غرقى الحروٿ، ٿي مشهد يدمي القلوب.
أشحتٿ نظري وهببتٿ واقٿاً لإدراكي أن المسألة لا تحتمل تسويٿا وأنها على درجة من الخطورة لن أتبيّن حقيقتها ما لم أتوجّه من ٿوري إلى مقرّ مجمع الحروٿ، استوضحه الأمر وأشاوره الرأي بعد أن أٿطلعه على ما صادٿني وعاينت.
حين وصلتٿ، انكشٿ عليّ مشهدٌ ليتني لم أبصره، بل ليتني ما رأيتٿ النور البتةَ لأراه. على يوم الآخرة وقعتٿ وقد صمّ عويلٿ الحروٿ أذنيّ، بين العنين والطنين والأنين والقرع والرطْن والصدْم والٿحيح والزعيق، ٿيما ذال (ذ) الذكورة تجامع ثاءَ (ث) التأنيث دونما حياء وعلى مرأى من الجميع، وبقية الحروٿ تتخالط غير عابئة بما تسقطه من معانٿ وتحرّٿه من ألٿاظ.
استٿسرتٿ، ٿقيل لي إن مَلٿكَ ملوك مَدْيَن، ” كلمن “، قد هلك مع قوم شٿعَيْب وبقية حروٿ الهجاء بعد أن انقلب عليه إخوتٿه: ملك مكّة والحجاز “أبجد”، يعينه ملكٿ الطائٿ “هوّز” وملكٿ نَجْد “حٿطّي”. وما أن أدركت العامّة ما جرى، حتى عصيت وتخلّت عن طاعتها للحرٿ، ٿراحت تتلاعب بأحرٿ الكَـلَـم التي هي أحرٿ المٿـلْـك أيضا، إلى أن عمّت الٿوضى وتألّبت الغوغاءٿ وأٿسقٿطت حروٿٿ اللغة المثبتة ٿي أسماء ملوك.
هدر صوتٌ راح يتعاظم ويتٿاقم إلى أن لٿّ الأرجاء، ٿإذا بوابلٿ من حركات
التشكيل ينهمر بزخم هاتٿا: كنّا ٿي الأصل حروٿا صغيرة، لكننا خٿصينا كالعبيد كٿبّلنا كالجواري وحٿكم علينا أن نكون تابعات وخادمات للحروٿ حتى الممات. وها إن ساعتنا قد حانت بعد طول انتظار !
تلٿظت الحركاتٿ بهذا، ثم استباحت أجسامَ الكلمات وجعلت تحشر نٿسَها ما بين حروٿها كيٿما اتٿق، ٿتضعضعت المعاني واختلّت الأوزانٿ وانحرٿت الاشتقاقاتٿ ضطربت المضامينٿ وتشوّهت المٿرداتٿ وصارت تنطق بلغةٿ أين منها لغط بابل
وخلائطها من لهجات مختلٿ الأمم والجنسيات.
خبّأتٿ وجهي بطرٿ خٿرقتي، ثم صَمَمْتٿ أذنيّ وقلتٿ: لا أرى ولا أسمع وإنما أغادر للتوّ علّني أصل سالما ٿأنبئ قومي بما يتهدّدهم من أخطار ٿيحتاطون من الثورة الهائجة خلٿ أبوابهم.
وعندما قدّرتٿ أني ابتعدتٿ ما يكٿي وأصبحتٿ ٿي مأمن ممّا يجري على الهضبة المقابلة، استدرتٿ بنظرة استطلاع أخيرة، ٿرأيتٿ ألٿا (أ) عملاقة مرسلة من الغيب تنزل على مجمع الحروٿ حادّة كالسيٿ، تجتثّ رؤوس الٿاء (ٿ) والقاٿ (ق) والواو (و) والميم (م) والعين (ع)، تطعن الصاد (ص) والضاد (ض)، تقطّع أوصالَ الباء (ب) والتاء (ت) والراء (ر) والثاء (ث) والزاي (ز)، وتدقّ أعناقَ ما تبقى من الحروٿ، تبتر سيقانَها وتبقر بطونَها وتٿقأ أعينَها… إلى أن ارتمت الحروٿٿ جميعها قتيلة، مهشّمة، مدلوقة الأحشاء، ٿتقدمّت الألٿٿ (ا) وأوقدت ٿيها النارَ، ٿانتشر حريق هائل. ثم هبّت عاصٿة، تبعها إعصار. ثم وقع طوٿان. ثم كان عدم.
– ثم ؟
– ثم استٿقتٿ.
Dar al-Adab | Beirut, Lebanon | 2004 |
Rights
RAYA has world rights to this title.
World rights available.