“A tortured novel” – Livres Hebdo, Dima Wannous’ “The frightened”
Review by Kerenn Elkaïm for Livres Hebdo, April 2019
« La mémoire, soit elle existe, soit elle n ‘existe pas. Soit tu te réconcilies avec elle, soit tu t’en détournes. » Sulayma ne parvient pas à la chasser. Elle songe à Nissim, « ce jeune homme étrange aux os protubérants. » L’héroïne le croise dans un lieu improbable, la salle d’attente de leur psy.
Unis par leurs craintes, ils n’osent guère l’étreinte. « La peur, elle déboule dans nos veines. Et quand elle se fatigue, l’âme ne trouve que le corps pour se délester de son épuisement. » Nissim se dit écrivain, or où sont ses livres ? Lorsque ce Syrien opte pour l’exil, il laisse un précieux cahier à Sulayma.
Elle, qui vit recluse dans son appartement de Damas, a bien besoin de ce lien. Son frère étant porté disparu, sa mère se terre dans le désespoir. Le récit de Nissim vient briser la monotonie de la violence, en racontant une histoire familiale qui ressemble à celle de Sulayma. Comme si leurs vies se complétaient. « L’amour reste visible et invisible. » Il en va de même des séquelles de guerre. Dima Wannous les dessine dans ce roman torturé, comptant une dizaine de traductions. Née à Damas, elle évoque l’aliénation et la perte d’appartenance. « Ya-t-il une chose plus ambiguë que de réaliser ses rêves ? Que nous resterait-il après ? »